Le village fantôme
(lipogramme, faire parler un portrait à partir des tags,
thème de l’absence)
Yo Doudou
J’suis le Rex de Sipo-city
Posé comme un bloc.
Ici, le milieu de rien et le vide civilisé m’exposent.
J’suis ton bouc, modèle breveté, un jour, toujours.
Welcome
« Deer Love »
J’suis sorti du club des roux juste pour toi.
Veux-tu m’épouser ‘tite fleur ?
Eloigné de ceux qui mitent mon toit, j’te l’offre.
J’suis liberté, spiritueux.
Cet enfer de vent me pousse contre toi,
Tes yeux me défoncent, cogito ?
Prends cette fourchette, mets le couvert.
Test
boum-boum, never wild.
OK ?
Non ?
Quelle
tuile !
Yves
Monologue d’un visage au village fantôme – Lipogramme en A
Welcome in post-Pirou.
Je suis Qu’un Œil. Je suis Qu’un Œil et je
suis trois, si ce n’est plus.
Je suis Qu’un Œil et je vois tout.
Ils sont venus chercher quoi, ils sont venus
chercher des fleurs ? des souvenirs d’une dernière fois, du temps des
flories vives ?
Je suis Qu’un Œil et mon second œil, mon autre
œil, l’œil fermé voit derrière les murs, perce les frontières de l’inerte et du
noir éternel. Je peux leur dire, moi, tout ce qu’ils peuvent trouver. Rien de
ce qu’ils cherchent. Ici les fleurs disséminées, trop peu de fleurs entre les
herbes, ici les fleurs disséminées sont plutôt sur les murs, explosions de
couleurs et gerbes de peinture.
S’ils veulent des douceurs, des formes rondes
et féminines comme celles qui ne sont plus, elle peut toujours tenter de rêver
sur cette fille blonde et verte, sur cette sirène, nez rougi, cheveux verts et
griffée de bleus. Bleus de mots, bleus de coups, violence du verbe ? Ou
violence des chocs qui comme des brutes nous pilonnent, nous réduisent en
miettes de silence ?
Je suis Qu’un Œil et je les vois, les
écriveurs heurtés de figures blessées, d’inscriptions inquiètes.
Je suis Qu’un Œil et je peux lire : Il
n’est qu’une, il n’est qu’une quoi ? les herbes dissimulent la suite… Il
n’est qu’une vie.
Ici c’est Post-Pirou : un petit bout
d’enfer. Inutile de gémir ni de griffer les feuilles. Qu’ils écoutent et qu’ils
voient. Qu’ils voient ce félin presque porcin, bigleux et rose : c’est
l’enfer ironique, l’envers des murs, le pied de nez qui scelle les mots.
Tout de même ce bout d’enfer, perdu sous les
rumeurs du vent, est-ce qu’ils sentent comme c’est serein ?
Agathe
Poème en vers libres dicté par les graphes de la ville fantôme
Tout est une histoire de shose,
Entre syrex les
pompes,
Et « on a qu’une
vie »,
Le choix semble easy,
Mais ickonait pas
d’autres voix, l’homme,
Skeem désole d’ailleurs,
Que celle du « crew
member numéro one »,
Etre toujours the last
sur le pont,
Même si ce n’est pas le
sien perso,
Ickonait pas d’autres voix,
Kose l’homme qui hésite,
Celui qui voudrait un jour
revor sa Normandie,
Avance par akou,
De coin-coin
surtout
Ils cultivent plus
les colers, les dolers,
Celles qui dressent les tifs
sur la tête,
Et te mettent dawn,
Que les graines de « yes »,
Mais mets du reggae
dans ta vie !
Dillax man,
Form one piece avec
toi-même,
Anote subira les larsen,
Anote que toi-même.
Floriane
Poème de tags :
(contraintes :
1) Sélectionner des écrits sur les murs des maisons.
2) À partir de cette
pioche, poème en vers libres incluant les éléments prélevés : 1 vers sur 2
sera constitué d’une unité prélevée, les vers intermédiaires seront le fruit d’une écriture personnelle qui aura
pour mesure 3x la quantité de mots prélevés dans le vers précédent.)
Mek
Tu
craques pas ?
RAS
Dans
le vide de ce village de merde, fuck !
Chute de tracteur
Pas
de quoi casser trois pattes à un duck…
Tract 91
Que
tu balances dans la cour de la préfecture avec ton lisier.
Petit con
Tu
crois changer le monde, oui ?
Come
Prends
la route !
On n’a qu’une vie
Se
tirer d’ici, mette le bouts, à la voile, fuir, là-bas, fuir, vers la mer
toujours recommencée !
Valérie Lotti
Atelier Olivier SalonVillage
(Poème de houle sur 2-3-4-5-6 syllabes en reprenant)
Village
Surgissant
Des sables blancs
Curé de ses âmes
Arpenté par les vents
Vidage
Stupéfiant
Havre promis
Echouage hurlant
Naufrageurs s’éclipsant
Vissage
Déboulant
Déboulonnant
Rêves emportés
Messages s’effaçant
Visage
S’exposant
Issus d’un geste
Clandestinement
Plaqué, ébouriffant
Virage
Renversant
Espoir d’un art
Qui défie l’instant
Droit de bris renaissant.
Yves
La houle
Flux
Reflux
Eternel
Sempiternel
Pulsation paisible
D’un cœur inaccessible
Moi
Emoi
Eprouvante
Sombre épouvante
Cauchemar amer
Un monstre sous la mer
Paix
Happée
Par l’esprit
Ce malappris
Ecoute, ça roule
Au rythme de la houle
Agathe
« La houle »
La houle murmure, expansive
Elle hurle, assoiffée,
excentrique
La vague, pureté
exténuante.
Floriane
POEME DE HOULE
La
houle ! il roule,
Hou la
la ! Ce flot-là.
Voilà la
houle. Pour
moi, il roule
La houle, où
ça ? Là ! Moi qui
habite à
Hou la, gare
à la houle ! Saint-Philippe-du-Roule.
La moule, Je
coule
Ouvre - la. Et je
bois
Sea, sex and
soul, La tasse,
ouïlle !
Pirou, c’est
pour toi Comme elle
est glagla !
Ton noir filon
de houille… Je coule. Adieu, la
houle !
Jean-Luc
D.
Note de botaniste à partir d’une plante choisie, description érudite
Contrainte
Oliver Salon dans les landes de Lessay
Devinette :
Espèce rampante ou grimpante, non annelée, à section
cylindrique dont le déplacement n’est pas perceptible à l’œil nu. S
Saisonnier, bien qu’il ne s’agisse pas de migration à
proprement parler.
Implantation : Colonisation
lâche ou envahissement étouffant, sans intermédiaire.
Plusieurs sous-espèces communes. D’autres plus rares comme le
Tellierre (famille : opposum oulipius celeber) qui s’attache
facilement.
(réponse :
Le lierre)
valérie Lotti
Le peupinplier
- populapanem-de la famille des populapinaceae- variété boulangère dans le langage
populaire.
Le peupinplier pousse loin des prés et pâturages mais près des parcelles
peu boisées, et de préférence haut
perché sur un terrain en pente. . Il préfère le sols perméables à proximité
d'eaux stagnantes. Parfaitement adapté au climat tempéré il supporte
pareillement les petites pluies estivales et les précipitations hivernales.
Son port, plutôt conique, s'aplatit en parapluie en prenant de l'âge.
Son feuillage persistant rappelle celui du peuplier par ses effets
chatoyants. Ses feuilles, épaisses et piquantes, poilues le long des nervures,
pourvues d'un long pétiole aplati et effilées en pointe, sont disposées en
spirales sur les tiges.
La floraison est biannuelle sous forme d' épis qui à maturité se
développent en pommes de peupin contenant dans chacun de ses plis une
capsule renfermant un pépin.
Depuis son apparition sur notre planète, qui remonte à l'époque de
l'assèchement programmé du marais de Lessay par les moines de Ste Opportune,
chaque peupinplier pousse sous la protection d'un précurseur. Ce prototype eut
à supporter, à son premier printemps,
de virulentes attaques de colonies de chenilles processionnaires [thaumetopoéa
pityocampa]. Depuis, il produit dans ses feuilles finement perforées un
insecticide puissant qu'il est capable de le vaporiser à plus de 15 m ,
laissant derrière lui un sillage embaumant. Les plantules des jeunes
peupinpliers se développent avec prédilection dans cette étendue odorante et
protectrice. Devenus adultes, les peupinpliers produisent sous leur écorce un
liquide gras et visqueux qui se consume lentement
Le peupinplier ne peut point se plier. En cas de tempête intempestive et
d'impossibilité de se protéger, il se plisse. Cela confère à son tronc une
structure particulièrement solide et très appréciée des armateurs.
On utilise le tronc du peupinplier pour construire les trois-mâts et sa
résine pour envoûter les sirènes
Plumes – Sortie du Havre à la Bergerie.
Mon ami Pierrot
Il est en train de faire la sieste. Vous ne le connaissez
vraisemblablement pas ou seulement de nom. Je ne vais pas courir le risque de
le réveiller, il émergerait accompagné d’une humeur massacrante… Il est
spécialiste et à ce jeu dangereux, je suis convaincu d’y perdre.
Il affiche son poids, ce gars là et prend les mouches. En
vrai normand, il est né à Rouen, blond dans sa jeunesse surmonté d’une sacrée
toison. Il tient de la brute et aime le cid’.
Depuis qu’il s’est engagé, alarmé suite à des tas
d’histoires de famille, il est devenu sergent-major. Maintenant que l’âge l’a
rattrapé, il n’a plus rien sur le caillou. C’est complètement… comment
dirai-je ?… Totalement…dé…dépl…déplaisant.
Comment vous le dépeindre ? Réaliser son portrait d’un
trait de … sans s’alourdir à la manière de Fernand, le type d’Argentan qui fait
des dessins ou bien à la façon d’Eugène… pas le charcutier d’Honfleur, le
plagiste ! Y’a pas à dire, lui, il a un truc en plus, quelque chose dans
son œil vif tirant le meilleur de n’importe quelle bécasse du bout du doigt
jusqu’au croupion.
Moi, je n’ai pas leur talent d’artiste, je ne vais jamais y
arriver. Dans tout ce que j’entreprends, je me fais avoir, j’me retrouve tout
démuni… tout dépouillé… tout…c’est décourageant ! Avec mon penchant pour
l’écriture je vais plutôt essayer mon style oblique sans imiter personne,
j’espère. J’en connais qui, à force de pomper, en sont morts !
Allez, j’me lance, je ne vais pas me tailler, ni mettre de
masque, du vrai « moi ».
Pour m’aider, j’vais m’en prendre une belle, la plus
belle ! Aucune raison de la tremper dans le fiel ou le poison car Pierrot
c’est mon pote quand même !
Il faut avouer que parfois, j’ai envie de le secouer… de lui
voler dedans. Dès qu’il baye aux corbeaux ou qu’il broie du noir, il ne pense
plus qu’au pieu, qu’à son duvet ou à son édredon, c’est affreux… une tragédie
pour le faire bosser !
Bon, par où commencer ? Ah, ben ça tombe mal, je n’ai
rien sur moi : pas de trousse, pas de crayon, pas de porte-p… juste du
papier. Tout est dans sa chambre. Il va falloir y aller en douceur…
-
Heu, dis Pierrot, excuse-moi, tu m’la prêtes, s’il te
plait ? Hein, tu m’la prêtes ?
Yves


Morale élémentaire de balade écourtée
matin pirouète promenade
projetée guide préféré
pluie hésitante défection possible décision
défaillante
partie remise ?
chaussures étanches capes
idoines cœurs vaillants
kiki parti !
A la recherche
D’un ensemble stable
Mort à l’élément
Terre
Ou mer
Vannes mouillées
Stop ! Au logis !
pluie incessante plumes trempées retraite
prompte
plume essorée !
D’un trait aigu
(Hommage à Jacques Leroux)
D’un trait aigu la plume longe
Le rivage qui fond dans l’onde.
L’art du calame trace, sonde
En diluant voyage et songe.
En un instant qui se prolonge,
L’écriturien à l’âme féconde
Pose des lignes qui abondent
Tel le pêcheur qui les élonge.
Quels mots ou bêtes que le sel ronge
Seront saisis en eau profonde ?
Calamars, seiches vagabondes
Crachent leur encr’ comme une éponge.
Onciales lettres qui s’allongent,
L’apex et le ciel se confondent.
Texte marin que l’homme exonde
Ne peut souffrir d’aucun mensonge.
Yves
Biographie d’une plume
Je menais une existence plutôt tranquille depuis ma
naissance, bercée par un rythme rural, lui-même calqué sur celui de l’astre.
Celui qui règle tout, ma sortie matinale, mon bain quotidien, ma toilette
pluri-journalière, sans omettre ce que je préfère : la remise en forme
grâce à un lissage finement et attentivement appliqué.
Je ne faisais pas partie des plus grandes mais j’avais ma
place et l’occupais avec tout le respect qui m’était dû.
Mais voilà qu’un jour à l’approche de Noël, la belle vie
s’arrêta car…
-Ah ça recommence ! Le voilà qui se retourne. Et puis
toi là, pousse toi de là ! Où en étais-je ?
Oui, ce fut le choc. Une sensation terrible de tremblement,
de frayeur, avant d’être arrachée à ma peau. Nous nous sommes retrouvées par
poignées dans une poche de tissu. Les plus grandes, nous ne les avons jamais
revues.
-
Mais ce n’est pas vrai, il remet ça. Il aurait dû avoir la
main un peu plus légère sur le Bergerac. Et puis toi, arrête ! Tu ne vois
pas que j’écris. Arrête de me serrer !
Donc, nous avons quitté notre
province, cela me semblait interminable. Ensuite nous avons été rincées, mélangées,
triées, j’ai perdu mes sœurs. Puis à nouveau plongées dans je ne sais quoi et
séchées avec la plus grande violence avant d’être projetées dans une prison
carrée.
Maintenant, je suis coincée comme
tant d’autres qui me ressemblent avec la sensation d’étouffement et de
promiscuité insupportable.
Yves
Autobiographie d’une plume
Noire ou presque je suis la plume d’une pie –
L’espèce que l’on dit oiseau de convoitise.
J’étais d’abord petite et vascularisée,
Issue de l’ombilic, par le bas je grandis,
Puis poussée peu à peu, mes barbes déroulées
Ont déployé le noir de leurs mélanoblastes.
Noire, moi ? Pas vraiment. Regardez mon
vexile :
Sous un rai de lumière il s’irise de bronze
Ou peut-être de vert : mes barbules
chatoient –
C’est l’ornement de ma première mort.
Quoiqu’inerte, attachée à l’aile de l’oiseau,
J’ai volé, j’ai volé, belle et brave rémige,
Jusqu’à tomber un jour sur la plage normande –
Ma mort numéro deux. La main me ramassa.
Si je forme ces vers aujourd’hui sur le sable
Où j’ai été plantée au milieu des poètes,
C’est de peur que le vent ne me fasse envoler
Loin des mains qui manient les mots et le calame ;
Que sans avoir écrit mon corps se
décompose ;
Que mon ultime mort demeure peu de chose –
Au lieu que les humains s’ils m’adoptent
pourront
De ma troisième vie faire tout un roman –
Mais c’est présomptueux ; un roman c’est
beaucoup.
Je voudrais seulement, je ne l’ai pas volé,
Qu’on se serve de moi pour écrire un poème.
« Autobiographie d’une
plume »
J’éplume devant vous
Une à une
Les couches instables de
mes exit
Stances invariables
Mélancolie rompant le
rythme
J’émarge au vent de la paix
Mes plumes crient à mon
corps
Défendant
Le sillon de l’amour
Creuse et sculpte l’âme
horizontale
Pointe-toi, explication
sensée de la vie insensée
Pointe-toi
En attendant, moi j’ose.
Floriane
Autobiographie d'une plume
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rémiges primaires
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ombilic amorcé
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aile inexistante
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plumage juvénile
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ombilic inférieur
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calamuce balbutiante
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kératine épanouie
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plumage natal
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vexille serrée
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apex arrondi
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émargination ondulée
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plumage immature
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Je suis née où?
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Aux Ecrehous!
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Une partie d'un tout .
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Avec mes soeurs,
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j'ai joué la couleur,
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une vie entière
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juste à se parfaire.
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rectrices luisantes
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rémiges irisantes
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plumage nuptial
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épanouissement posthume
|
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Brigitte
|
Les maraîchers
Je me souviens, d’un Jacques, encore un Jacques mais un
autre Jacques.
Il disait en regardant ces gens-là
Qu’ils avaient des carottes dans les cheveux.
J’ai toujours été étonné par ces expressions mêlant
nourriture et chevelure :
Une choucroute sur la tête
Un cheveu dans la soupe
Et fatalement sur la langue.
Je les connais ces gens-là
Ils ont plutôt les cheveux dans les carottes,
Penchés, les mains enfouies dans la terre,
Terre de sable,
Le dos au vent.
Ici, le vent est rude surtout au printemps.
Il vous éclate le sang dans les joues,
Vous donne sa peau épaisse
Et ses mains violettes.
Ici, la carotte pousse,
Droite,
Rectiligne,
Sans effort,
L’effort est au dessus du sol
Ici, le sol je le parcours
Tous les jours
Même les jours du grand vent
Qui me frissonner
Et me rend le poil roux.
Yves
Poème de marche vers la mer
Portillon passé
Et soudain nos bouches closes
S’éloigner des chiens
Les hommes que j’aime
Sont parfois de belles filles
Toutes vêtues d’or
Cette grille verte
Autrefois m’avait troublée
Je n’ai nulle crainte
Le long du chemin
Toutes herbes poussent libres
En fleurs de silence
La senteur du sel
Reste intacte à mes papilles
Souvenir suave
Le soleil s’élève
Ses rayons frôlent l’instant
Un peu d’air – matin
Quand la chaleur monte
A peine éclot un désir
De coquelicot
Se faire légère
Chatouillis de papillon
L’aile d’une brise
Agathe
Poème de retour
Mme Christie rentre de la plage
Mme Christie grimpe la dune
Mme Christie sèche ses pieds du sable qui s’y
colle
Mme Christie met ses sandales
Mme Christie se juge sèche
Mme Christie ajoute enfin à sa toilette
l’élément invisible qu’elle avait délaissé
Mme Christie évite d’abord la consigne
Mme Christie se remémore son poème
Mme Christie le retranscrit et le termine – ce
n’est pas un poème de marche mais de marche dans la mer et la mémoire n’est pas
la même dans la mer
Mme Christie a terminé
Mme Christie se met à la consigne
Mme Christie pense que sous ce nom, elle peut
passer pour quelqu’un de célèbre
Mme Christie écrit c’tissu d’âneries – valse
mélancolique et langoureux vertige
Mme Christie commence à délirer
Mme Christie ajoute aux jeux de mollets des
vers qu’elle compte sur ses pieds
Mme Christie aggrave son cas
Mme Christie se rend coupable d’usurpation et
de plagiat
Mme Christie respire
Mme Christie regarde le paysage
Mme Christie ferait mieux de regarder un peu
mieux cet autre chemin
Mme Christie se le dit : « je ferais
mieux de regarder un peu mieux cet autre chemin »
Mme Christie arrête d’écrire
Mme Christie admire les couleurs
Mme Christie se souvient qu’elle porte des
lunettes de soleil
Mme Christie regarde au-dessus de ses lunettes
si le blanc de ces arbres est aussi éclatant
Mme Christie voit Pirou-Bourg
Mme Christie voudrait bien dire à son voisin
que le chemin est beau
Mme Christie respecte l’autre et se retient
Mme Christie sait écrire en marchant
Mme Christie ainsi distance son voisin
Mme Christie est libérée de la tentation
Mme Christie se demande si ça ne serait pas
une de ces phrases qui facilitent la vie : « marcher sans s’arrêter
libère des tentations »
Mme Christie se fait rattraper
Mme Christie va se faire doubler – oui – non –
peut-être ?
Mme Christie constate que son voisin est
désormais de l’autre côté
Mme Christie ne l’attend surtout pas
Mme Christie continue à marcher en écrivain… euh pardon, en écrivant
Mme Christie continue à écrire en marchant
Mme Christie oublie de regarder le paysage
Mme Christie trouve que les autres sont
vraiment loin
Mme Christie tient son chapeau à cause du vent
Mme Christie arrête d’écrire
Mme Christie aime vraiment le vendredi matin.
Agathe
Poème de retour… d’un personnage célèbre
Dupond quitte la plage, mouillé et bleu
Dupond cherche son faux jumeau, il marche devant
Dupond vise un objectif culinaire, tenaillé par la faim et le
froid
Dupond se souvient de mets succulents
Dupond s’imagine une table orientale puisqu’il va vers l’Est
Dupond ne ramène rien de la mer, aucun trésor
Dupond sait qu’au presbytère il y a du bulot en stock
Dupond en marchant sur la dune a mis du sable dans ses
chaussettes
Dupond déplore que sa course soit ralentie
Dupond traverse la route nationale. Tiens une Lotus !
Dupond la regarde passer, il aime les belles voitures
Dupond a les boules mais pas les moyens
Dupond déteste ce parcours, il aimerait le faire ailleurs
Dupond est en retard et ça n’arrange pas son affaire
Dupond accélère sous le soleil qu’il contemple
Dupond s’aperçoit qu’il est le dernier car il n’arrête pas
de s’arrêter
Dupond s’étiole sans rien sous la dent
Dupond a un appétit bestial
Dupond entend enfin les rires, les cris, le bruit des
verres, le cristal, le glougloutement du rouge.
Yves
Poème
de marche :
(contraintes :
Composer mentalement pendant la marche un poème inspiré de ce /ceux que l’on
rencontre pendant le trajet.
À l’arrivée le
transcrire puis le restituer par cœur.)
Marcher à l’estime
À
l’estime du temps, de l’espace, de l’Homme
Quitter
les aboiements, les vrombissements, la pierre
Prendre
son cœur par la main
Traverser
Abandonner
le goudron
Prendre
les graviers par le pied
Laisser venir le vert moussu
des carottes, le bleu lancéolé des poireaux, l’odeur âcre des
[oignons
Accepter
les pépiements, les stridences et les silences papillonnants
Prendre
le sable
Accueillir
les chardons, les oyats, le rire des ailes
Et
là
De tous ses yeux
De toutes ses oreilles
De
toutes ses narines, ses papilles, ses pores
Observer
Prendre
le monde en plein corps
Retour :
Poème
avec personnage :
Monsieur
Hulot salue une dernière fois la mer et franchit la dune Hop ! Pop hop !
Monsieur
Hulot n’est pas en vacances sur les chemins de Normandie
Monsieur
Hulot travaille
Monsieur
Hulot utilise pour se faire du papier et un crayon, sa mémoire aussi
Monsieur
Hulot ne dessine pas des maisons à double hublot, comme Pierre Étaix, pour son
beau-frère
Monsieur
Hulot ne contrôle pas sur un ordinateur le temps de pousse comparée des
carottes et des poireaux dont il tracerait ensuite les graphiques, les barres
ou même les camemberts, normands, ou autres
Monsieur
Hulot n’établit pas des plans, prototypes de camping-boat pour le prochain
salon nautique d’Ostende
Monsieur
Hulot n’est pas serveur à la Cale qui n’est pas un restaurant grand luxe
récemment restauré
Monsieur
Hulot déambule dans les dunes, chemine entre les champs et écrit
Monsieur
Hulot salue avec moult courbettes réjouissantes les personnes qu’il dépasse
Monsieur
Hulot aperçoit une petite cabane sur sa gauche : une réserve de feux
d’artifices ?
Monsieur
Hulot préfère de s’en éloigner au plus vite
Monsieur
Hulot arrive seul au Carrefour du chemin des ruinettes : à droite ? à
gauche ? à droite ?
Monsieur
Hulot décide de suivre la direction des poireaux
Monsieur
Hulot salue avec moult courbettes réjouissantes la personne qui arrache les
choux à la mode de Pirou
Monsieur
Hulot traverse imperturbable la route touristique Hop hop hop ! Jambe
gauche pliée, tendue, quart de tour, marche arrière, toupie, pirouette, saut
carpé, jambe droite tendue, pliée ! Hop hop !
Monsieur
Hulot trouve cela moins dangereux que le cheval (il a eu très peur tout à
l’heure en croisant deux cavalières sur la plage)
Monsieur
Hulot va le plus souvent en auto, à vélo, en bateau… à pied, il rame
Monsieur
Hulot est en retard pour le déjeuner
Monsieur
Hulot salue avec moult courbettes gênées les convives déjà attablés
Monsieur
Hulot pense soudain à la guimauve dégoulinante de La sucette chaude de
Coutainville
Monsieur
Hulot se réjouit de la fête de ce soir : y aura-t-il des bulots ? S’y
rendra –t-il déguisé en pirate ou en pirouète ?
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