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Affiche promenades |
PIROUÉSIE À ANNEVILLE-SUR-MER
mercredi 25 février 2015 après-midi.
Poèmes esquissés en marchant et composés
au retour de la balade…
* *
Les
promenades de Pirouésie sont l’occasion d’écrire de la poésie « sur le
motif », de découvrir sous un jour nouveau, à travers les villages et
paysages, mille détails que souvent on méconnaît.
Ainsi,
12 poètes sur les chemins d’Anneville, avons-nous collecté des mots d’après nos
observations, nos sensations. Puis nous les avons assemblés dans des formes
diverses : haïkus, morales élémentaires, inventaires poétiques…
Parallèlement,
intrigués par une énigme locale en suspens, nous avons mené l’enquête,
interrogé les passants… D ’où vient le surnom de Corouins qui désigne les
habitants d’Anneville-sur-Mer ?
D’OÙ VIENT LE SURNOM COROUINS ?
*
Un
haïku et quelques hypothèses…
Au fond du havre
Corouin plus bas que mer craint
La montée des flots
Philippe,
en composant ce poème de tradition japonaise, a retrouvé un nom presque
identique à Corouins
dans son dictionnaire de patois : Côrouans, les gens de Regnéville-sur-Mer et
de Grimouville. Y aurait-il un rapport avec la proximité d’un havre ? La
limite nord d’Anneville-sur-Mer pointe en effet sur le havre de Geffosses.
Autre
indice, le cor
de mer est un coquillage qui sert de porte-voix. Les jours d’épaisse brume sur
la Manche, était-ce en soufflant dans un de ces cors lointains rapportés des
tropiques par Louis-Antoine de Bougainville(1), que les gens d’ici
répondaient aux matelots égarés, en recherche du havre ? Imaginons des
marins éperdus, soudain reconnaissants, disant à leurs compagnons
d’équipage : « Nous sommes saufs, entendez là-bas : le chant des
Corouins
indique la direction du havre ! »
Hypothèse
renforcée par « le Robert, dictionnaire historique » à l’article Corail.
La racine kôrallion
est mentionnée comme dérivation de korê alos « fille de la mer »,
expression indienne calquée par le grec ancien. Les Corouins seraient-ils donc
enfants de Sirène ? Affaire à suivre…
Robert
*
(1) Haïku : Marin
herboriste
Il
nous cueillit au Brésil
Le
bougainvillier
HAÏKUS D’ANNEVILLE-SUR-MER
*
Le soleil est haut
la pluie détrempe le sol
au bord du ruisseau
Pauline
*
Anse et villas d’antan
sont devenus Anneville
un beau village
Le vent frais
agite les drapeaux
coq impassible
La Crique aux eaux troubles
cherche le vaste marais
au loin la mer grise
Monsieur de Bougainville
habita Anneville
grand navigateur à l’ancre
Criste marine
deviendra cornichon
glinette pour le lapin
If doré ou cyprès
on ne sait quel conifère
éclaire notre hiver
On croit bouton d’or
étoile sur le talus
la ficaire jaune
Les murs très anciens
longent maisons et jardins
et piègent le vent
La belle longère
s’étire sur le pré
de plain-pied sans escalier
Arbre décapité
du saule on coupe la tête
bon nid pour les chouettes
Christiane
*
MORALES ÉLÉMENTAIRES D’ANNEVILLE-SUR-MER
*
criste marine glinette salée feuilles argentées
lapins assoiffés
chemin creux ficaire jaune eaux troubles
fascines tressées
école ancienne jardinet rococo barrière sculptée
bignone déplumée
sur les chemins
on parle on bavarde
on s’étonne
on rigole
les oiseaux
jouent à cache-cache
dit la petite fille
poil gris oreilles pointues ânes-lapins
promeneurs hilares
Les 12 poètes en chemin
*
murs gris murs
verts murs roses
cyprès jaune
mur coiffé école ancienne longère typique
hiver vert
Crique gonflée eau trouble saules têtards
chemin creux
Douze promeneurs
Route du Roulland
les oiseaux jouent
à cache-cache
dit la fillette
le clocher gelé
est joli
ânes-lapins oiseau invisible glinette salée
arbre bateau
*
clocher typique coq traditionnel gendarmerie fermée
murs anciens
murs gris murs verts murs roses
mur coiffé
if doré noyer imposant oiseau invisible
oiseaux joueurs
Le P’tit Corouin
depuis 2001
conte le village
joyeux luron ?
habitant malin
ou
cormoran marin ?
nul ne le sait
chevaux chevelus saules têtards longère étroite
longère longue
Christiane
*
Coroins inconnus Anneville manchotte habitants hospitaliers
Balade joyeuse
Route goudronnée route empierrée route piétonne
Marais secret
Glinette salée salicorne verte christe-marine vinaigrée
Fascine créée
Qui es-tu
P’tit Coroin ?
Un cormoran
noir ?
Un oiseau
caché ?
Une dame pas facile
À brosser ?
Hein !
Barrière bancale barrière décorée barrière infranchissable
Barrière normande…
Marinette
*
Gare perdue Gare vendue Gare égarée
Gare déraillée
Gendarmerie altière Gendarmerie pimpante Gendarmerie tagalatactic
Gendarmerie
dégendarmée
Murs mosaïques Mare diabolique Mer scénographique
Mort marinière
Pressez vous, lapins
N’attendez pas
La saint glinglin
Pour grignoter
La glinette salée
Le flux monte et
monte
Il sera trop tard
demain.
Anse imbibée anse inondée Crique pleine
Corouin à la peine
Philippe
PS –
La « morale élémentaire » est une forme poétique inventée par Raymond
Queneau, couramment pratiquée par les poètes de l’Oulipo, de Zazie Mode
d’Emploi, de Bruxelles Babel-le et de Pirouésie.
PAROLES & SENSATIONS SAISIES AU VOL
Douze promeneurs sur le
parking de la mairie
Les drapeaux se balancent au
vent
Le clocher « en bâtière »
typique du Cotentin arbore le coq traditionnel
Les murs, présents partout
dans le village, sont gris, verts,
roses…
Quatre gendarmes occupaient
autrefois la grande maison du Bourg
mais
« faute d’événements » la
gendarmerie a fermé
Route de la Portière
un
cyprès déjà jaune de ses pousses de printemps
un
cèdre bleu-vert
Route du Roulland
un
mur coiffé de lierre
un
oiseau invisible
des
oiseaux jouent à cache-cache
la
maison d’Ismaël
deux
ânes-lapins dans leur pré
Route de l’Ecole
une
mosaïque de couleur
l’ancienne
école avec préau
la
mare, la cahute de chasseurs, le « gabion »
un
jardinet rococo
des
oiseaux gazouilleurs
Route de la Rivière
un
chemin creux
une
maison avec des rideaux aux oiseaux
une
vieille maison au charme ancien
un
voyage en Angleterre
un
puits
une
boîte aux lettres ornée de vaches peintes
des
grimpantes encore sans feuilles sur les murs
une
barrière « à collier » en pierre
le
bruit de la mer non loin
la
Crique aux eaux troubles
un
tressage de saules, « des fascines » , bordent la rive
les
moutons dans le marais
on
cueillait la glinette salée , une plante aux feuilles argentées, pour les
lapins
il
fallait leur donner à boire…
…de
la bière, dit quelqu’un ?
la
criste marine , la salicorne
le
lavoir a disparu
les
saules-têtards
une
orangerie du temps de Monsieur de Bougainville
la
ficaire jaune, « fausse renoncule, faux bouton d’or »
la
petite fille aime le beurre
une
barrière bleu vif
une
barrière bleu clair sculptée
le
lierre et le mimosa
une
belle longère
une
dame pas facile à brosser
des
arbres alignés, décapités
des
chevaux chevelus
des
poneys Shetland
une
bignone déplumée par l’hiver
un
noyer imposant, très vieux
une
maison bleue rigolote
Venelle de la Gallerie
le
Ruet est un très petit ru
Fin de la promenade
*
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